Microbiote, SIBO et bactéries intestinales
Le SIBO est l’abréviation de Small Intestinal Bacterial Overgrowth. Il définit une prolifération excessive de bactéries au niveau de l’intestin grêle. Comme les médias relaient de nombreuses études scientifiques sur les bienfaits des bactéries intestinales, ici un petit focus pour comprendre la nécessité d’un bonne localisation de cette flore microbienne.
Intestin grêle, côlon et bactéries
Le microbiote intestinal se situe principalement au niveau du gros intestin, autrement appelé colon. La colonisation bactérienne bénéfique (si équilibrée) permet de digérer correctement, de protéger notre muqueuse intestinale, de synthétiser nos neurotransmetteurs et autres merveilleux bénéfices. N’hésitez pas à relire mon article sur le microbiote ! L’intestin grêle héberge peu de bactérie alors que le côlon est fait pour héberger des bactéries l’aidant à continuer à dégrader et assimiler les nutriments. La mission principale de l’intestin grêle est d’absorber les nutriments issus de la dégradation des aliments.
Comprendre le fonctionnement de la prolifération bactérienne
Les bactéries qui prolifèrent dans l’intestin grêle en cas de SIBO peuvent créer une fermentation des aliments non digérés. Cela réduit l’absorption des nutriments, dont les acides gras et les vitamines. Cette fermentation est à l’origine de gaz an quantité importante et de douleurs. Créant ainsi une dysbiose, ces bactéries déséquilibrent par effet ricochet le microbiote, endommagent le mucus protecteur et la paroi intestinale elle-même. Elles génèrent une inflammation intestinale par la production excessive de gaz, par la fermentation et putréfaction des aliments qu’elle entraîne dans les intestins. Cela favorise la perméabilité intestinale, donc le passage des fragments bactériens et des peptides alimentaires vers le sang. En déclenchant ainsi une réaction du système immunitaire, le SIBO peut alors être associé à de nombreux troubles. Tels que la migraine, le syndrome métabolique, certaines maladies cardiovasculaires, l’intolérance à l’histamine, l’obésité, les manifestations allergiques et les intolérances alimentaires.
Le SIBO conduit à une activité non-optimale de la fonction biliaire du fait que les bactéries en excès se mettent en compétition avec les oméga-3 et les acides gras aux propriétés anti-inflammatoires. En parallèle, un déficit en vitamine B12 et en fer peut être constaté.
Les causes de la prolifération bactérienne au niveau de l’intestin grêle
Elles sont nombreuses et peuvent se combiner :
- le stress chronique et répété qui entraîne une hypothyroïdie et/ou une altération du complexe migrant moteur
- la mauvaise mastication
- une alimentation inadaptée trop riche en glucides, café, alcool, épices et entraînant une hypochlorhydrie (diminution de l’acidité de l’estomac)
- l’tilisation de médicaments comme les antibiotiques et les IPP
- le manque de sucs gastriques et d’enzymes digestives
- le manque d’activités physiques
- les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
Pour rappel, l’acidité de l’estomac tue la majorité des bactéries des aliments et empêche toute pullulation intensive bactérienne. Si le niveau d’acidité de l’estomac est trop faible (hypochlorhydrie), l’estomac peine à pré-digérer les aliments et les bactéries ont alors tout le loisir de proliférer au niveau de l’intestin grêle. Aussi, l’insuffisance de production d’enzymes pancréatiques, ainsi que l’insuffisance biliaire peuvent aussi être à l’origine du SIBO. Dans ces cas, les glucides ne sont pas suffisamment découpés et le déficit en bile tend à ralentir le transit intestinal provoquant de la constipation.
Le stress et la fatigue figurent parmi les symptômes du SIBO. Mais ils peuvent aussi en être l’origine. Sous stress, l’hypochlorhydrie est aussi fréquente, réduisant au passage l’acidité de l’estomac et une élimination bactérienne suffisante. En altérant la motilité intestinale, le stress agit sur le nerf vague et favorise la pullulation bactérienne causée par un processus de digestion inachevé. En diminuant la production de mucus protecteur, le stress peut aussi favoriser la prolifération de bactéries au détriment de bactéries plus bénéfiques comme les Lactobacilles et Bifidobactéries. Enfin, un état de stress diminue le taux d’immunoglobulines comme l’igA, responsables de l’immunité intestinale. Cette baisse immunitaire rend alors plus vulnérables aux infections qu’elles soient virales ou bactériennes mais également à la prolifération du Candida Albicans.
Les symptômes du SIBO
Le SIBO est parfois asymptomatique. Cependant les principaux symptômes rencontrés sont des :
- reflux gastro-œsophagiens,
- flatulences, gaz et éructations,
- douleurs abdominales,
- douleurs articulaires,
- spasmes digestifs,
- nausées, des vomissements,
- glaires dans les selles,
- diarrhées et/ou de la constipation.
Diagnostique ou auto-évaluation ?
Les symptômes du SIBO sont souvent confondus avec les troubles du Syndrome du côlon irritable (SCI) ou de l’intestin irritable (SII), la colopathie fonctionnelle. Parfois aussi, les symptômes ressemblent en partie à ceux de la maladie coeliaque ou l’intolérance au lactose. Certains services d’hépato-gastro-entérologie de CHU connaissent bien cette pathologie et sont équipés d’une machine permettant d’identifier les espèces bactériennes en présence par l’analyse des gaz respiratoires. Vous pouvez aussi vous orienter vers un laboratoire privé équipé également de la machine Quintron. En laboratoire vous pouvez aussi faire analyser votre microbiote.
A mon sens, il convient avant tout d’identifier s’il y a hypochloridrie. Pour ce faire, ici un petit conseil simple : boire à jeun 1/2 cuillère à café de bicarbonate de soude mélangé à un petit verre d’eau. Le mélange dans l’estomac fabrique du dioxyde de carbone et la production de ce gaz produit un magnifique rôt ! Comptez le temps que vous mettez à faire ce rôt 🙂 Si vous mettez moins de 2 minutes, tout va bien votre production d’acide chlorhydrique est fonctionnelle. Si ce temps est plus long, entre 3 et 5 minutes, vous êtes en hypo sécrétion. Si vous mettez plus de 5 minutes vous êtes ce qu’on appelle en achlorhydrie, c’est-à-dire que vous ne produisez plus d’acide chlorhydrique. Dans les cas où il y a un manque de production d’acide chlorhydrique, prenez une cuillère à soupe de vinaigre de cidre dilué dans un petit verre d’eau un quart d’heure avant le repas.
Les solutions naturelles pour accompagner le SIBO
Rééquilibrer l’alimentation : La première porte d’entrée sera une alimentation rééquilibrée avec une bonne mastication (jusqu’à obtenir une bouillie en bouche), l’utilisation de la vapeur douce pour les cuissons et réduction des glucides fermentescibles pour éviter de nourrir les bactéries responsables du SIBO. Il convient de manger temporairement moins de légumes riches en fibres, moins de féculents ou de fromages. A la place, on privilégie des légumes faibles en oligosaccharides (carottes, céleri…), les poissons, les œufs, les viandes bio et les fruits rouges pauvres en sucre. Une alimentation pauvre en FODMAPs réduit considérablement la prolifération des bactéries et des champignons au niveau de l’intestin grêle et favorise le confort digestif. N’hésitez pas à consommer des épices favorisant la digestion comme la cardamome, gingembre, le cumin, le fenouil, la badiane, le piment en petites quantités et les herbes fraîches comme l’estragon, le basilic, la menthe poivrée.
Réparation de la muqueuse intestinale avec l’acide aminé L-Glutamine, du zinc ou du gel d’aloé Vera, bourgeons de Figuier et de Noyer.
Assainir le microbiote : On privilégie les plantes anti-microbiennes et anti-fongiques, comme l’ail par exemple, ou les huiles essentielles de coriandre, d’origan, de thym, de clou de girofle, sarriette toujours bien mélangées avec des huiles végétales. De bons complexes d’huiles encapsulées existent et sont efficaces. Une autre possibilité est de faire une cure d’extraits de pépins de pamplemousse. Toujours bine penser à l’équilibre du microbiote bocal avec des bains de bouches hebdomadaires à la propolis.
Réparer la fonction gastrique : il convient d’aider à réguler le Complexe Moteur Migrant avec des plantes stimulant l’avancée du bol alimentaire dans le système digestif (gingembre, le fenouil, la mélisse, l’angélique, la camomille, la verveine, …. )
Rééquilibrer l’hygiène de vie : pratiquer une activité physique régulière, laquelle agit sur la motilité du système gastro-intestinal et facilite le processus de vidange de l’estomac. La méditation, l’hypnose ou le yoga, permettent, quant à eux, de mieux gérer le stress et d’accompagner toutes les démarches thérapeutiques et nutritionnelles déjà acquises.
Restaurer une flore saine : après toutes ces étapes préliminaires, il est intéressant de restaurer une bonne flore intestinale grâce à des probiotiques après avoir éliminé la prolifération bactérienne.
La naturopathie pour accompagner le SIBO
L’accompagnement d’un SIBO dure plusieurs mois, établi par phases. Pour répondre à voter situation spécifique et aux symptômes engendrés par la prolifération des bactéries, il est intéressant d’être accompagné par un professionnel. La naturopathie propose une approche hollistique répondant parfaitement aux besoins de ce type de troubles physiologiques. L’objectif est d’éviter toute récidive et vous accompagner sur le chemin d’une vitalité profonde et durable.
Bien à vous,
___
Pour approfondir :
1- Pleine santé : vitalité, immunité, anti-âge, anti-kilos, Dr Stéphane Résimont, Alain Andreu, préface du Dr Thierry Hertoghe, Éd. Marco Pietteur, 2021
2- INSERM
3- Etude LPS-enriched small extracellular vesicles from metabolic syndrome patients trigger endothelial dysfunction by activation of TLR4. Auteurs Sakina Ali, Marine Malloci & coll., Février 2021
Leave a Reply