Paroles d’experts : La liberté intérieure

En naturopathie, nous prônons un chemin d’équilibre émotionnel et intérieur pour favoriser un terrain global solide et pérenne. Je partage ici avec vous des extraits d’une lecture éminemment intéressante qui pourrait vous donner envie d’approfondir. La question de la liberté intérieure est centrale, à mon sens, sur le chemin de l’équilibre.

 

Sortir du mode pilotage automatique

Alexandre Jollien : « Et si le premier pas consistait à repérer tranquillement le mode pilotage automatique qui nécrose notre quotidien pour redécouvrir un rapport lucide, joyeux à soi et au monde ? Cesser d’être une marionnette, arrêter de confier aux circonstances, au premier venu la télécommande qui régit notre état d’esprit ? Le défi de la vie spirituelle réside donc dans une audace : oser paisiblement slalomer, bâtir une liberté à l’écart de la tyrannie d’un jeu capricieux et la didacture du « on » qui nous contraint bien souvent à nous plier à la norme, à d’écrasants standards.»

 

Habitudes et préoccupations quotidiennes

Christophe André : «L’air de rien, c’est notre cerveau qui risque de nous enfermer dans nos habitudes et nos automatismes, nos négligence, nos peurs, nos émotions. D’où la nécessité, pour notre liberté intérieure de connaître autant que possible fonctionnement de notre esprit. La maladie n’est pas la seule cause de restrictions de notre liberté, la vie quotidienne nous tend, elle aussi, de nombreux pièges. Le piège des habitudes et des rituels : nous pensons agissons et vivons toujours de la même manière. Le piège des préoccupations et des préoccupations quotidiennes : nous consacrons l’essentiel de notre énergie mentale et physique à des tâches nécessaires mais triviales en négligeant ce qui donne du sens à notre vie. Cette dernière perte de liberté est très importante à mes yeux. Les travaux sur le contenu de la pensée montrent que l’essentiel de notre vie intérieure est constitué de pensées triviales sur nos activités personnelles (payer le loyer, sortir la poubelle) et professionnelles (répondre à des mails, préparer une réunion). Dégager du temps pour tourner notre vie intérieure vers autre chose relève d’une décision personnelle, pas si compliqué en apparence, mais que nous mettons trop rarement en œuvre dans les faits. Cette liberté là, de choisir de rester un être humain et non de se transformer en travailleur consommateur, c’est une liberté intérieure que (chacun peut) faire vivre en soi.»

 

Un besoin universel

Christophe André : « Ce besoin est universel. Ce serait une erreur de croire que (la recherche de la liberté intérieure) ne concerne que les nantis, ce qui jouissent du plus grand confort matériel et politique, et qui veulent soigner leur petite liberté intérieure comme un cocon douillet. Alors que ceux qui extérieurement sont asservis par des raisons économiques ou physiques ne pourraient pas en tirer profit. Il me semble que c’est un biais de raisonnement qui appauvrit la réalité. La liberté intérieure concerne tout le monde. »

Mathieu Ricard : « En aucun cas, c’est réflexion sur la liberté intérieure ne minimise l’importance de la liberté extérieure. Opposé liberté extérieure et liberté intérieure n’a pas plus de sens que de poser la santé physique et la santé mentale qui se complètent et s’influencent mutuellement. Il est donc tout à fait possible de faire des efforts pour les conduire toutes deux alors pas optimal. Il y a des individus qui jouissent de conditions extérieures favorables et qui à l’intérieur se sentent prisonnier de leur mental. À l’inverse j’ai rencontré des Tibétains qui avait subi des années de détention dans les camps de travaux forcés ou dans des prisons chinoises. Ils disaient avoir survécu grâce a la liberté intérieure qu’ils avaient cultivée. »

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Source
À nous la liberté, comment se libérer de nos peurs, de nos préjugés, de nos dépendances, Christophe André, Alexandre Jollien, Mathieu Ricard, Editions l’iconoclaste Paris 2019